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Comment comprendre les apprentissages autonomes?

Les apprentissages autonomes, qu’est-ce que c’est? C’est lorsqu’un enfant décide, de lui-même, d’apprendre quelque chose de nouveau pour lui. Il n’acquiert pas cette connaissance parce que l’Education Nationale le demande ni parce que papa-maman l’impose. Mais parce qu’il en a envie. Depuis que je m’intéresse à la pédagogie, aux différentes façons d’apprendre, j’entends et je lis que les enfants apprennent en jouant. Pas besoin de faire pression sur eux, ni de leur donner un cours magistral et encore moins de les faire travailler en « formel » ! S’ils jouent, ils apprennent !

J’étais parfaitement convaincue lorsqu’il s’agissait d’enfant en bas-âge. Je n’ai jamais eu besoin de faire des cours de marche pour que mes deux fils apprennent à marcher. Pas plus qu’ils n’ont fait de longues heures de français pour apprendre à parler leur langue maternelle.

Mais j’avais encore besoin de témoignage, de preuve, que cette formidable capacité à apprendre se poursuivait par-delà cette étape. Est-ce qu’un enfant pouvait apprendre à lire, compter, ou faire n’importe quelle activité simplement en jouant ? Je ne demandais qu’à croire en leur capacité, mais mon ainé étant à l’école, je n’avais pas vraiment l’occasion de tester son appétence pour les apprentissages autonomes des mathématiques et du français.

Je me tournais donc vers d’autres apprentissages qui pourraient me convaincre.

Apprentissage autonome du vélo

apprentissages autonomes

Un apprentissage en douceur sur plusieurs années

Le Père Noël lui a offert une draisienne alors qu’il marchait à peine. Elle était même légèrement trop grande pour lui. Mais il a apprivoisé la bête ! Au début, il avait du mal à monter dessus. Puis, comme tous les enfants qui pratiquent la draisienne, il a eu une grande phase pendant laquelle il marchait avec la draisienne entre les jambes. Petit à petit, il a découvert qu’il pouvait s’assoir sur la selle et il a pris de la vitesse. En faisant cela, il a réalisé qu’il pouvait lever les jambes et se laisser porter par sa draisienne. Voilà qu’il avait acquis la capacité à tenir en équilibre sur un engin à deux roues.

Il m’a fait de sacrées peurs mais il a continué à améliorer sa maîtrise jusqu’à ce qu’on lui offre un vélo alors qu’il avait 3 ans. En quelques temps, il était totalement opérationnel sur son vélo. J’avais ainsi la preuve que les apprentissages autonomes sont très efficaces.

Hier il m’annonce fièrement : « maman, tu veux que je te dise ce que j’arrive à faire sur mon vélo ? » Oui, bien sûr que je voulais connaître ses exploits ! Il sait donc pédaler en danseuse (enfin, danseur !), s’assoir sur le porte-bagage pour pédaler (oui, je n’ai pas encore compris l’intérêt d’une telle acrobatie !), aller vite (ça plus grande fierté !) et franchir des obstacles (il s’amuse à mettre des planches de bois sur son parcours à vélo !)

Il est donc arrivé à une telle maîtrise de son vélo à cinq ans, sans aucun cours de vélo, un parfait exemple des apprentissages autonomes !

Le rôle du « maître » dans l’apprentissage autonome

Quel a été notre rôle, à nous, transmetteur de savoir ?

La première des choses est que nous lui avons mis à disposition des outils. D’abord sa draisienne, puis le vélo. Il est évident que si l’enfant n’a pas les bons outils qui attisent sa curiosité et lui donnent envie de les utiliser, il n’en fera rien ! Chaque apprentissage nécessite des outils appropriés. Ils doivent être adaptés à l’enfant, beaux et solides !

Le deuxième rôle que nous avons joué est celui d’exemple. Mon loulou m’a vu plus d’une fois en vélo et nous avons fait de bien belles balades (lui dans la carriole et moi qui pédalais) ! Dans un certain sens, je lui ai donné envie de faire du vélo, comme n’importe quel maître donne envie de progresser, de se surpasser pour atteindre un niveau plus élevé de connaissances !

Le troisième et dernier rôle est celui de soutien. A chaque fois qu’il tombait, je le consolais. Il y a bien sûr eu des bobos aux genoux. Mais aussi des bobos à l’âme ! Quand il me disait que c’était trop dur, je lui faisais remarquer à quel point il avait progressé. Quand il me disait qu’il n’y arriverait jamais je lui répondait que, premièrement, ce n’était pas une tare de ne pas savoir faire du vélo et que, en plus, en travaillant on peut arriver à tout, y compris à faire du vélo !

Et aujourd’hui c’est avec une réelle fierté qu’il m’énonce la liste des choses qu’il sait faire avec son vélo !

Offrir un port d’attache à l’apprenant

Thierry Pardo (chercheur indépendant en éducation à l’Université du Québec, Montréal) faisait une comparaison qui me plait beaucoup : le parent est le port d’attache de l’enfant. En grandissant, celui-ci va s’éloigner de plus en plus de son port, sa zone de sécurité mais il saura toujours où retrouver les eaux calmes et réconfortantes. C’est ce rôle-là que nous jouons !

Nous n’avons jamais imposé à P’tit Loup de prendre sa draisienne et son vélo, à aucun moment on lui a dit « bon, aujourd’hui tu fais 10 allers-retours dans la cours avec ton vélo et tu ne joueras pas tant que tu n’auras pas fait ça ! » Il a suffit d’être présents à ses côtés quand il avait besoin de nous, lui montrer comment faire ou le soutenir pour passer une étape et voilà un petit garçon qui a appris une nouvelle activité en ne faisant que jouer !

La natation, un apprentissage tout aussi autonome que le vélo

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L’importance des bons outils mis à disposition de l’apprenant

Depuis qu’il a 6 mois nous emmenons notre fils ainé à la piscine pour une activité de bébés nageurs. En quoi consiste exactement cette activité ? Et bien c’est très simple ! Nous avons une piscine, des jouets et vogue la galère, nous passons 45 minutes dans l’eau. Autant te dire que les premières semaines, tu ne lâches pas ton enfant et tu veilles à ce qu’il ait toujours la tête hors de l’eau ! Mais très vite, le maitre-nageur prend ton enfant et lui met la tête sous l’eau. Et, oh magie, ton enfant ressort vivant, et avec le sourire, de l’eau ! Et cela se passe ainsi pendant des années. Le maitre-nageur n’impose absolument rien, aucune activité mais selon les capacités/l’âge de l’enfant, il nous montre ce qu’on peut proposer à notre bambin. D’abord la tête sous l’eau, faire la planche, ensuite, les sauts dans l’eau, aller chercher quelque chose au fond de la piscine et on arrive ainsi à 5 ans avec un bonhomme qui sait nager. Bon, ce n’est pas parfait, il a encore une belle marge de progression, mais il sait faire des longueurs de piscine et se mettre en sécurité si besoin.

La capacité à nager était un indispensable pour mon mari et moi. Nous voulions que nos enfants sachent nager le plus tôt possible.

L’apprentissage se fait par étapes

Au bout de quelques mois, le maître-nageur nous annonce que nos enfants sont suffisamment à l’aise dans l’eau pour qu’on ait quelques secondes de plus pour réagir en cas de chute accidentelle comparé à un enfant qui n’a jamais mis les pieds dans l’eau.

C’était un soulagement…mais ce n’était absolument pas suffisant pour nous.

Aux alentours de 18-36 mois, nos enfants, l’aîné comme le cadet, sont entrés dans une phase qui nous a un peu stressé. C’était une période où ils refusaient d’aller dans l’eau. Ils ne faisaient que rester sur le rebord de la piscine, dans les escaliers à l’entrée du bassin et ils passaient toute l’heure de la séance à jouer avec le seau, l’arrosoir, et tous les jouets mis à leur disposition. Je me suis alors mise à douter des apprentissages autonomes.

Le maître-nageur nous assurait que cette phase concernait tous les enfants, mais que cela faisait partie de leur apprentissage. Nous étions sceptiques. Comment un enfant qui joue avec 20 cm d’eau et un seau peut-il apprendre à nager.

Mais lorsque nous tentions d’emmener nos enfants au large, nous avions droit à des cris d’orfraie !

Nous avons pris notre mal en patience.

L’apprentissage autonome est une histoire de confiance

Et un beau jour nos deux garçons ont découvert la joie de la nage en eaux profondes (enfin, profondes pour eux : 1m 50) Notre cadet est exactement dans cette période de prise d’assurance. Notre aîné l’a dépassé il y a quelques temps maintenant.

Au début, il a quitté les escaliers pour aller sur le toboggan puis de là, il est passé à sauter dans la piscine. Une fois qu’il savait sauté, il a voulu sauté plus loin, plus profond.

A la fin de la saison dernière, alors qu’il allait sur ses 5 ans, on a demandé conseil au maître-nageur. Est-ce qu’il fallait lui prendre des cours pour fignoler l’apprentissage de la nage ? Certes, il se débrouillait mais stagnait maintenant dans son apprentissage et ne semblait pas vouloir évoluer vers quelque chose de plus performant, vers le niveau que l’on attend de lui pour qu’il soit complètement autonome dans l’eau. Il nous a répondu qu’il était encore trop dans le jeu pour aller sur un apprentissage plus formel.

Nous sommes donc repartis pour une année de bébés nageurs avec nos deux poissons !

Dès la reprise, notre ainé nous a bluffé : d’un seul coup, il s’amusait à aller chercher des jouets au fond de la piscine. Je dis bien « il s’amusait ». C’est lui qui décidait quand il voulait le faire, c’est lui qui choisissait l’objet et qui allait le chercher et ressortait avec un sourire jusqu’aux oreilles d’avoir réussi son exploit. A aucun moment on lui a demandé quoi que ce soit !

Au même moment, il a esquissé ses premiers mouvements de nage et très vite il a su faire des largueurs puis des longueurs de piscine.

Le fameux déclic de l’apprenant lors des apprentissages autonomes

On a assisté à un réel déclic chez lui, tel que ceux que nous réserve les apprentissages autonomes. Nous, ses parents, l’avons bien sûr vu. Mais aussi le maître-nageur, et les parents des autres enfants qui étaient en séance avec nous. Ce n’est donc pas une affabulation de notre part. Il s’est passé quelque chose et un jeu a déclenché une réelle connaissance en un rien de temps. Parce que c’était le bon moment pour lui. Parce qu’il y trouvait son intérêt.

Nous attendons maintenant le déclic du petit frère avec beaucoup plus de sérénité. Cela viendra quand il sera prêt.

Je me souviens que j’ai moi-même eu un déclic lors de mon parcours d’arbitre de judo. Comme je l’expliquais ici.

Cette même année, il a eu des séances de piscine avec son école. Il est venu me voir un jour en disant : « c’est nul la piscine de l’école ! Je veux que la piscine des bébés nageurs ! » Ah oui ? Et pourquoi ? « parce qu’on est obligé de faire ce qu’on nous demande ! »

Il y a bien des occasions où un enfant doit faire quelque chose qu’il n’a pas envie de faire. Mais un apprentissage se passe tellement mieux lorsque l’enfant est prêt à le faire !

Lorsque la maîtresse me disait en bilan de son année de grande section, juste avant que je le retire de l’école que mon loulou n’était pas suffisamment à l’aise avec l’écriture en attaché. J’avais juste envie de lui répondre qu’il fallait peut-être tout simplement lui laisser du temps ! Mais je sais qu’elle est prisonnière d’un programme qui en demande toujours plus aux enfants (et aux instituteurs/institutrices) sans prendre en considération leurs besoins.

Et toi? Que penses-tu des apprentissages autonomes? As-tu déjà constater leur puissance?

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Cet article a 2 commentaires

  1. Helena

    L’apprentissage autonome est très intéressant surtout lors de la période d’enfance

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