L’apprentissage chez l’enfant est un sujet extrêmement vaste. On peut facilement se perdre au milieu de tous les conseils que l’on nous donne. Mais s’il y avait un conseil et un seul qu’il fallait que je te donne, ce serait celui-ci : ne tombe pas dans ce piège qui nous tend les bras!
De quoi s’agit-il? Tu vas vite comprendre en lisant ce petit témoignage.
Chez l’enfant, l’apprentissage se fait par pallier
J’étais tranquillement en train de préparer le dîner. Je venais d’interdire à P’tit Loup de mettre le bazar dans le couloir. Cet interdit était plus ou moins bien passé. Il était reparti dans le salon pour jouer avec son frère. Une bonne odeur d’oignons caramélisés venait me chatouiller le nez alors que le rire des loulous emplissait mes oreilles.
Puis P’tit loup a débarqué dans la cuisine et m’a assommée d’un coup en me disant : « Maman, je peux te parler? » Une fois le choc passé je me suis retournée pour voir la machine à voyager dans le temps. C’était, pour moi, la seule explication possible à l’apparition de cette question probablement sortie tout droit de la bouche d’un adolescent de 12-14 ans. Mais il n’y avait dans la cuisine que P’tit Loup, 4 ans, moi et quelques rides supplémentaires sur mon front!
Encore une situation qui m’indique que mon P’tit Loup maîtrise certains mots, certaines phrases. En résumé, l’apprentissage du langage est à un niveau avancé chez cet enfant.
Nos enfants grandissent vite…
Il y a parfois des moments comme celui-ci où on se demande quel âge à notre bambin. D’autant plus que, une fois la surprise passée, je me suis empressée de répondre que, bien sûr, il pouvait me parler. Il a alors enchaîné sur l’interdit énoncé 5 min plus tôt pour négocier.
Il m’a expliqué pourquoi il voulait mettre le bazar (pour se fabriquer un nid douillet dans le couloir…). Je lui ai alors expliqué pourquoi j’avais dit non (je n’avais pas envie d’avoir du bazar dans la maison ni de me battre pour qu’il range, j’avoue que c’était un non de convenance, comme je l’expliquais dans cet article). Et il m’a dit « mais maman je vais ranger après! C’est promis! Vrai de vrai de vrai de vrai! »
Nous avons donc conclu un contrat. J’ai dit ok pour le bazar à condition qu’il range tout après la session « nid douillet dans le couloir ». Contrat oral, contrat de confiance (c’est si important de leur faire confiance, comme je le mentionnais là) et tout s’est déroulé pour le mieux.
Franchement je suis fière de mon loulou. Fière qu’il exprime ses besoins, fière qu’il propose des solutions à un problème, fière qu’il remette en question les interdits (sans quoi, bonjour le petit mouton qui ne fait que suivre le chemin tracé par le troupeau qui le procède!) Et bien sûr, fière qu’il ait respecté ses engagements !
Il n’empêche que pendant une fraction de seconde j’ai cru qu’il n’avait plus 4 ans mais le triple! Dis-moi, ça t’arrive aussi ce genre de situation? Avoir devant toi un gamin qui parle comme un adolescent? Ou l’inverse d’ailleurs! Un adolescent qui aurait une réaction d’un gamin de 4 ans!
…mais ne vas pas plus vite qu’eux!
Tout ce baratin pour te dire qu’il faut faire attention à ce genre de comportement sporadique. Ce n’est pas parce que P’tit Loup m’a posé une question que j’imaginais sortir de la bouche d’un adolescent qu’il va falloir que je lui parle comme s’il avait 10 ans de plus! Je choisis toujours mes mots quand je lui parle de certains sujets comme la guerre, la religion, la sexualité, etc. J’utilise bien évidement du vocabulaire adapté à un petit garçon de 4 ans et non pas 12.
Un piège présent dans tous les domaines d’apprentissage de l’enfant
Hier soir P’tit Loup m’a annoncé qu’il voulait éplucher sa pêche tout seul. J’étais surprise de sa demande et fière qu’il y arrive. Ce n’est pas pour autant que je vais décréter qu’à partir de maintenant il est en âge d’éplucher tout ses fruits. En fait, il reste un petit garçon qui a fait un effort un jour, qui s’est concentré, qui a dépensé de l’énergie pour arriver à faire ce qu’il avait envie. Mais il est aussi et surtout un petit enfant en plein processus d’apprentissage et qui a besoin d’aide dès qu’il est fatigué, énervé, en colère ou encore pour des choses qu’il n’a pas envie de faire!
En fait, il faut tenir compte du comportement « moyen » dans tel ou tel domaine pour savoir sur quoi se baser. Je sais par exemple que, de manière générale, P’tit Loup sait mettre ses chaussures. Du coup, quand il me dit « Maman tu peux mettre mes chaussures » pour la seule et unique raison que nous partons à l’école et qu’il n’a aucune envie d’y aller, je sais très bien que je peux me permettre de lui demander de faire un effort et de les mettre lui-même. Par contre, le comportement moyen lorsque je lui interdis quelque chose, c’est plus une crise que l’ouverture des parlementassions donc je ne me lancerai pas dans les grands discours en cas de crise.
Suis le rythme d’apprentissage propre à ton enfant
On a tendance à dire « tu l’as fait la dernière fois, tu es grand maintenant, c’est à toi de le refaire! » Et bien non! Chaque apprentissage chez l’enfant (et chez l’adulte aussi d’ailleurs!) prend du temps et de l’énergie au départ. On a tendance à l’oublier mais si tu es un peu curieuse et que tu t’intéresses à de nouvelles choses, tu a dû déjà te rendre compte qu’engranger de nouvelles connaissances ne se fait pas du jour au lendemain!
Je me rappelle de mon séjour en Angleterre. Je n’étais pas vraiment une quiche dans la langue de Shakespeare mais j’étais loin d’être bilingue. Et bien j’étais tout simplement rincée en fin de journée, après avoir parlé pendant des heures en anglais! De même, un bébé qui apprend à marcher se fatigue bien plus vite qu’un enfant qui maîtrise l’art de mettre un pied devant l’autre. Tout comme un enfant ne pourra pas écrire pendant aussi longtemps que toi parce que l’écriture n’est pas encore pleinement acquise (enfin, si tu es une geek qui ne sait plus écrire autrement qu’avec un clavier, si…Mais c’est une autre histoire ! )
Donnons le temps à notre apprenti de maîtriser un domaine avant de le traiter en expert. On peut bien évidemment l’encourager, le féliciter (comme expliqué dans cet article) mais il ne faut surtout pas oublier qu’il est apprenti !
A chaque enfant, son processus d’apprentissage
Sache enfin qu’il n’y a pas de règle. Je ne vais pas te dire qu’à 4 ans un enfant doit être capable de mettre ses chaussures tout seul mais qu’il faudra attendre l’âge de 6 ans pour qu’il soit capable de parler clairement de ses émotions. La maturité dépend non seulement de l’enfant mais également du domaine dans laquelle elle est appliquée. En effet un enfant peut avoir une grande maturité en motricité par exemple mais une maturité plus faible dans le langage.
Je te le redis, ne te laisse pas berner par une action qui ne serait pas en adéquation avec l’âge de ton enfant.
Et toi dis moi? Quelle est la dernière action de ton enfant qui soit en complet décalage avec son âge réel ?
À la maison, c’est ma fille de 5 ans qui me surprends assez souvent avec des commentaires d’une grande maturité je trouve. À l’inverse, j’ai l’impression que mon fils de 3 ans et demi régresse parfois 🙃 Bref, pas facile d’être parent et merci de partager ton expérience.
C’est vrai que je n’ai pas parlé des phases de régression qui font partie du processus de développement chez l’enfant mais qui tape facilement sur les nerfs des parents! C’est sûr que ce n’est pas facile d’être parent, c’est un apprentissage de tous les jours!
Je ne suis pas maman mais l’éducation est quelque chose qui m’intéresse beaucoup ! Et je ne peux qu’applaudir cet article ! Je suis bien consciente que ça ne doit pas toujours être facile de lâcher prise ou de ne pas « s’énerver » dans certaines situations mais je trouve que la manière dont tu gères les choses est vraiment top et propice à l’apprentissage de ton bout de chou 🙂
Oh merci! Ton commentaire me touche beaucoup! C’est sûr que ce n’est pas simple de lâcher prise sur certaines choses…mais on apprend en même temps que nos loulous!
Merci pour ces précieux conseils, c’est pas facile d’être parents et de savoir quoi faire parfois. On ne l’apprend pas à l’école 😥
ça c’est sûr que ce n’est pas facile d’être parents! J’aime dire que j’apprend à l’être chaque jour que je passe auprès de mes loulous. Ils me portent, m’enseignent et me transforment. C’est juste magique! Et puis, il faut se rappeler que le parent parfait n’existe pas…c’est rassurant, non?